Hypersensible, reflecteur, hors norme ?
Je les connais ces âmes errantes, sensibles et solitaires qui ne savent pas trop comment faire dans ce drôle de monde. Étrangers en tout lieux, parlant une langue incomprise, ils se sentent parfois si seuls.
Je les repère à leur posture : ils se contorsionnent discrètement pour ne pas être en contact physique avec leurs voisins indélicats. Ce n’est pas qu’ils ne les aiment pas. C’est plutôt une incompatibilité énergétique : un être aérien et léger se sent vite écrasé et envahit. Même par un simple effleurement si celui-ci n’est pas consentit.
Silencieux et observateurs, ils semblent souvent en retrait du monde. On ne les voit pas. On ne leur parle pas.
Ce n’est pas un phénomène conscient mais plutôt un mauvais tempo. Ces étranges « êtres-en-je » ne suivent pas le rythme effréné du monde moderne.
Ils ne peuvent pas, ils se posent trop de question. Toujours à côté, un peu trop lents au regard du quidam qui passe et qui n’a pas le temps. Pas le temps de ralentir, d’écouter avec le cœur et de risquer de sortir des sentiers battus.
Ces êtres à part vivent au gré de leur propre météo intérieure et ce qu’ils préfèrent partager, c’est leur présence ouverte et sereine. Une créativité qui n’a pas forcément besoin de mots.
Ce qui est difficile, c’est quand ils n’ont pas encore trouvé leur porte, ce lien au monde qui leur est propre. Ils peuvent alors sombrer dans une solitude immense et se noyer sous le poids de leur mental qui s’acharne à essayer de suivre un mode d’emploi qu’il ne comprend pas.
Alors qu’ils sont simplement autre, sensibilité pure reflétant le monde.
Lorsqu’ils viennent à moi d’un regard timide, je les accueille à bras ouvert sans les toucher ni trop les observer afin de leur offrir de l’espace pour s’ouvrir à eux-même.
Pour qu’ils puissent découvrir leur propre lumière, j’allume une petite bougie. A travers son miroitement, ils découvrent leur scintillement intérieur. Et lorsque nous soufflons ensemble sur la flamme, ils ont moins peur.
Quand mon sourire les encourage à s’ouvrir au monde, je leur rappelle que c’est leur propre élan vital qui leur permet d’avancer et qu’ils ne seront plus jamais seuls.
Car nous sommes tous pleins d’une présence divine forte et immense.
Ces « êtres-en-je », reflets de ma propre étrangeté à ce monde absurde, me rappellent les étapes par lesquelles je suis passée pour m’émanciper du lourd fardeau des attentes extérieures dénuées de sens.
Ce qui ne vient pas du cœur n’a pas de valeur.
Il m’est parfois difficile de me retrouver face à ces mêmes barrières qui m’ont si longtemps empêchées d’avancer. Je me rappelle alors que moi non plus à l’époque, je ne pouvais entendre que ces limites apparemment infranchissables n’existaient que dans mon esprit.
Qu’il me suffisait de ne plus me placer en tant que victime subissant les épreuves de la vie pour devenir actrice de mon existence.
A tous ceux qui espèrent qu’un coup de baguette magique leur permettra d’aller mieux, je leur propose plutôt de tendre l’oreille afin de mieux entendre les formules magiques chuchotées par leur cœur.
Pour qu’ils puisent en eux-même le pouvoir d’enchanter le monde, en retrouvant leur âme d’enfant. Cette puissance intérieure joyeuse qui s’émerveille en chaque instant, explore et déploie son plein potentiel.